Se nourrir

DSCF2838 2Il va être 18h. Je scrute nerveusement l’intérieur de mon frigo en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire à manger ce soir. Je passe aussi en revue ce qu’il y a à la cave et dans les placards. Dans quelques instants, j’entendrai la porte du garage s’ouvrir, mon mari va rentrer affamé et commencer à manger tout ce qui lui passe sous la main. Ça m’énervera, on se prendra la tête et je saurai encore moins ce que je vais cuisiner. A l’étage, j’entends les enfants se chamailler, la petite descend en pleurant. Nous y voilà, l’heure critique a sonné! Ce moment de la journée où la fatigue physique et mentale se font sentir, où la faim nous dérobe notre patience, où il suffit d’une petite étincelle pour que tout parte en vrille…

Cette scène vous parle? Chez nous, c’était un peu la routine. Mais ça, s’était avant! Avant que je décide de prendre les choses en main pour le bien-être de toute la famille. Les as de l’organisation ne se retrouveront certainement pas dans ce billet… C’est le simple témoignage de notre cheminement vers une organisation plus sereine et efficace.

Planifier

Il n’y a rien dans ma cuisine qui me permette de faire un repas « instantané », pas même un micro onde pour faire chauffer un plat tout fait. Car nous cuisinons depuis toujours tout nous même, avec des produits frais, de saison, locaux et bio de préférence. C’est chouette, mais cela implique également que je ne peux pas « juste » aller au supermarché pour faire mes courses tous au même endroit. C’est d’ailleurs rare que je mette les pieds au supermarché…

Pour ne pas passer mon temps à courir à droite et à gauche, il a fallut trouver notre organisation. Nous avons la chance d’habiter une région où nous pouvons trouver la presque totalité de ce que nous consommons chez des producteurs locaux.  De plus, nous disposons d’un grand terrain qui nous permet une importante autonomie alimentaire, à la belle saison. Mais nous allons encore l’accroître, en augmentant la surface de notre potager et planter d’avantage de fruitiers. Cela fait huit ans que nos besoins en oeufs sont presque entièrement couvert par nos poules.

Pour tout ce que nous ne produisons pas nous-même, je me rend à une ferme bio et au marché de notre ville. Le reste de ce que nous consommons provient d’une petite épicerie vrac et de la Biocoop la plus proche.

Je fais coïncider mes courses avec les activités extra-scolaires des enfants. Ainsi je n’ai que deux déplacements par semaine à faire pour nous ravitailler, muni de ma liste et de mes contenants.

La liste, parlons en. Avant, nous notions tous ce qui nous manquait, ce qui nous faisait envie puis nous achetions un peu au pif le reste une fois sur place. Le désavantage de ce système? Il faut ensuite réfléchir à ce que l’on va préparer avec les ingrédients que l’on a, ou ressortir pour compléter ce que l’on a oublié ou ce qui manque. Et à chaque fois que nous retournions au magasin, nous achetions deux ou trois articles à coté. Pour finir, nous dépensions bien plus que nécessaire! Le plus gros avantage de notre nouveau système? Notre budget est enfin maîtrisé!

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Les menus

Tout ça a changé depuis que nous planifions nos menus. Une fois par semaine, je prends le temps de prévoir ce que nous allons manger la semaine suivante. Je consulte pour cela le reste de la famille, et je fais l’inventaire de ce que j’ai déjà dans les placards, frigo et congélateur. Ensuite je fais la liste de ce que je dois acheter, et je m’y tiens. J’ai n’ai que quelques aliments en stock (comme la farine, le sucre, les oléagineux). Attention, si vous êtes tentés par cette façon de procéder, mais que votre conjoint est du genre gourmand (comme le mien), ce système de flux tendu risque de le rendre très nerveux dans un premier temps! Car tous les placards et le frigo paraissent bien vides quand on achète juste ce que l’on a besoin pour la semaine. Mais il prendra bien vite conscience qu’il n’est pas privé de nourriture…

Les menus hebdomadaires sont désormais affichés sur le frigo. Finit les « Qu’est ce que je vais faire à manger? » et les « Mamaaa, on mange quoi ce soir?! ». Dès le matin, je sais ce qu’il y a à faire, préparer ou éventuellement sortir du congélateur. Maintenant, ma mission est d’apprendre à mieux organiser mon temps, afin que les repas soient prêts à l’heure…

Les horaires

Dans ma maisonnée, nous sommes très sensibles à la faim! Quand elle nous tenaille, petits et grands perdent les nerfs… Mieux vaut donc manger à des horaires fixes, pour ne pas causer des crises inutiles. Mais étant de nature à tout procrastiner, ce n’est pas toujours évident pour moi de me tenir aux horaires, mais je fais de gros efforts pour m’améliorer. Mon mari de son côté, fais l’effort d’être plus patient le soir. Les enfants eux, sont aussi mis à contribution pour la préparation des repas. Cela les occupe, les instruit, nous permet de passer des moments en famille le soir ET de manger relativement tôt!

Faire simple

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Tout faire maison pour une famille en ief, équivaut à 14 repas par semaine, hors petits-déjeuner et goûter.  Bien que j’aime cuisiner, je n’ai pas l’intention ni l’envie de passer ma vie au fourneau. Le mot d’ordre pour les repas est s-i-m-p-l-i-c-i-t-é! Exit donc tous ce qui est long et compliqué à faire, sauf les weekend où nous aimons faire un ou deux repas plus élaborés.

Faire simple, veut aussi dire qu’il n’y a pas une multitudes de choix à faire et représente un gain de temps considérable! De toute manière, je ne suis pas du genre à passer mon weekend à faire des goûters pour toute la semaine alors qu’un fruit, un carreau de bon chocolat, du pain et un verre d’eau suffisent…

Optimiser

En optimisant les repas, on peut beaucoup se faciliter la vie! Les exemples sont nombreux: Le soir, j’essaye de cuisiner en plus grandes quantités pour que mon homme puisse emmener les restes pour son déjeuner au travail. Des fois il en reste pour nous aussi. Si je fais une soupe, je fais régulièrement un gâteau au maïs copieux en dessert. Et voilà, j’ai déjà les goûters prêts pour les deux jours à suivre. Un poulet? La carcasse est transformée en bouillon dans lequel il me suffit de faire cuire des pâtes vermicelles. Il y a des pommes de terre au menu? J’en fait cuire le double, le surplus me servira pour faire un rösti un autre jour. Si j’ai besoin de légumineuses comme par exemple des pois-chiches, j’en cuis une grande quantité pour les conserver au congélateur par portions. La pâte de nos biscuits fourrés préférés? Je triple les proportions et congèle les biscuits non cuits…

Transmettre

Je tiens à ce que mes enfants connaissent la valeur d’une nourriture « vraie » et qu’ils respectent le labeur qu’il y a derrière chaque aliment. Ils savent que les choix alimentaires que nous faisons ne sont pas anodins, qu’ils peuvent avoir un réel impact sur l’environnement, la santé et l’économie locale.

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Ils nous aident activement au jardin, connaissent l’origine et le mode de production de nos aliments, font les courses avec moi et participent en cuisine. Ils ont d’ailleurs chacun un soir attitré, pour lequel ils doivent choisir le menu, fournir la liste des ingrédients, et assurer la préparation du repas (avec plus ou moins d’aide bien sur, en fonction de leurs âges).

Il y a des jours où mes enfants se passeraient bien de toutes ces corvées, mais le sentiment de satisfaction et de fierté d’avoir accompli ces tâches « de grands » prennent vite le dessus! Et que peut-il y avoir de plus gratifiant que de s’attabler pour partager un bon repas fait maison en famille?!

 

A lire aussi: L’assiette surprise

3 réflexions sur “Se nourrir

  1. Merci de raconter ton cheminement. Je trouve que le rapport à la nature chez CM décuple l’envie de cultiver un potager, d’avoir des poules etc. Je trouve ça très intéressant que l’un et l’autre style de vie s’enrichissent mutuellement.

    Pourrais tu partager une semaine de menus?

    Et aussi autre question subsidiaire, est ce que tes enfants ont faim au milieu de l’école? Quelque soit leur petit déj ils réclament un goûter vers 10h. j’ai fini par dire non car ils ont un petit déj consistent (oeufs, ou oatmeal ou autres) et le repas est à 11h30. Je ne serais pas contre un bout de pain mais il n’y a pas de boulangeries ici et le mien est vite sec et dur… bref j’ai l’impression que c’est plus l’envie de faire une pause que de la vraie faim.. On fait une pause thé parfois ça leur plait.

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  2. Bonjour, merci pour ce billet que j’aime beaucoup. Je planifie moi aussi mes menus pour la semaine et c’est un vrai gain de temps et d’économie à terme. Avoir son potager et ses poules me font très envie et à mon mari aussi, mais on a déjà tellement de choses à faire au quotidien, on se demande comment arriver à tout faire si on avait en plus un potager et des poules. Peut être pourrais-tu nous faire à un billet à ce sujet sur la gestion de tes journées. Merci.

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