La « power hour » – l’outil qui sauve une journée d’ief qui prend l’eau

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Avez-vous vous aussi parfois des jours où rien ne semble aller comme prévu, qui sont chaotiques, ou trop chargés par des événements autres que l’ief, où maman est patraque mais les enfants d’une énergie débordante (menaçant la santé mentale de leur mère et/ou de transformer la maison en champ de bataille), où vous êtes à deux doigts de jeter l’éponge et d’inscrire toute votre progéniture à l’école la plus proche, ou des périodes entières de nos vies où l’on a l’impression que rien ne se passe du côté de l’instruction tant nous sommes accaparés par les aléas de la vie? Si oui, vous n’êtes pas seules! Chez nous l’année dernière, c’est arrivé bien plus souvent que je n’ose y penser! Et ça me laissait un sentiment d’échec et de déception…

Mais… car oui,  il y a un mais! Cette année je suis déterminée à apprendre des techniques et utiliser des outils pour contrer ces « jours sans » qui me minaient le moral! Après vous avoir présenté le planning en boucle, je vous présente aujourd’hui un autre outil que j’ai employé pas plus tard qu’aujourd’hui: une power hour, c’est à dire une heure intensive qui condense les apprentissages et les leçons Charlotte Mason en alternant les activités rapidement. Tout ce qu’il vous faut, c’est une bonne dose de détermination un peu d’imagination et une heure, oui, juste une petite heure ininterrompue.

Pour vous illustrer la chose, je vous donne le scénario de ce matin:

Pour diverses raisons, notre matinée avait très mal commencé et risquait de dérailler encore plus… L’après-midi, je savais que nous aurions pas le temps de faire quoique ce soit, dû à divers rendez-vous. Voyant l’heure tourner, et l’humeur des enfants se dégrader, j’ai décrété une power hour: 

J’ai fais taire l’hyper perfectionniste qui vit dans ma tête, pris deux trois notes, ma tablette, des feuilles de papier et des crayons de couleurs, notre livre de littérature du moment et j’ai rassemblé mes enfants autour de la table.

Chaque enfant s’est vu distribuer une feuille et a reçu comme instruction de dessiner de mémoire, quelque chose qu’il a pu observer dans la nature cette semaine. Rose a dessiné des glands et une feuille de chêne, et, ayant noté que le feuillage des arbres commençait à changer de couleur, elle a aussi illustré ça. Son frère a aussi dessiné la feuille et le fruit du chêne, et un rouge gorge. J’ai aussi chargé Louis de rechercher des informations sur le chêne dans les ouvrages de notre bibliothèque, ainsi que les noms latins de ce qu’il avait dessiné.

Entre-temp, je leurs ai lu la fable du Chêne et du Roseau de la Fontaine et j’ai demandé une narration. S’en est suivit une petite discussion sur ce qu’ils ont perçu sur la morale de cette fable.

Pendant qu’ils finissaient de dessiner, nous avons écouté un morceau de Beethoven, notre (tout nouveau) compositeur du moment. Je leurs ai demandé d’identifier les instruments qu’ils entendaient dans le morceau.

J’ai demandé qu’ils apportent l’atlas, et j’ai annoncé que Beethoven était né à Bonn. Rose, toute contente, s’est écriée que c’était en Allemagne. Son frère fut prié de lui montrer comment trouver cette ville dans l’atlas. Puis ils ont fait la même chose pour Vienne, ville où le compositeur mourût.

J’ai annoncé à Louis que l’année de naissance de Beethoven était 1770. Pour enchaîner avec quelques questions prétextes à un peu de calcul mental: S’il est né en 1770, combien d’années en arrière cela fait-il? Il est mort en 1827, quel âge avait-il? Il est devenu sourd à l’âge de 30 ans, en qu’elle année était-ce? Etc.

Direction ensuite vers le canapé, où je leurs ai lu un chapitre de notre lecture du moment, lecture suivie d’une narration à tour de rôle.

Et pour clôturer l’heure, nous avons chanté la chanson en anglais que nous apprenons actuellement et joué un petit quizz (improvisé) de vocabulaire.

Tadam! L’heure était passée, et nous avions couvert d’étude de la nature, de littérature, de compositeur, de géographie, d’histoire, de maths, travaillé la créativité ainsi que l’expression orale par la narration, les langues, et produit une dose homéopathique d’écriture. Oui, c’est imparfait et ce n’étaient que de petites bouchées, mais l’objectif était atteint: les enfants se sont concentrés, calmés, ils ont pris du plaisir, et moi j’avais l’impression d’avoir accompli au moins quelque chose et d’avoir fait de mon mieux afin de leur servir leur portion quotidienne de « nourriture » intellectuelle et culturelle.

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Si vous ne vous sentez pas assez inspirée ou à l’aise dans l’improvisation d’une telle séance, je vous donne ici une sorte de trame que vous pourriez suivre:

  • Prenez 5 minutes pour établir un petit plan d’attaque, quelques idées suffisent, le reste vous viendra en temps voulu. Rassemblez ce qu’il vous faudra: papiers, crayon, ordinateur ou autre, un recueil de poèmes, votre livre de lecture en commun du moment, un atlas ou mappemonde…
  • Si j’avais des tout-petits dans le lot, je leur mettrai à disposition leur activité favorite (chez nous c’était toujours la pâte à modeler qui l’emportait haut la main…).
  • Allez, respirez, c’est parti pour 60 minutes! Rassemblez vos enfants et commencez par le dessin, tel que décrit plus haut. Lisez leur les informations sur ce qu’ils dessinent en vous servant d’internet s’il le faut ou d’un livre de référence et faites leur trouver et noter les noms scientifiques de leurs sujets.
  • Faites une pause dans le dessin, pour leur faire écouter un poème. Discutez de ce qu’ils ont préféré.
  • Proposez-leur de finir leurs dessins en écoutant une oeuvre musicale. Vous êtes complètement à court d’idée? Prenez une des saisons de Vivaldi! Discutez de la pièce que vous venez d’entendre et demandez leur quels instruments ils ont pu identifier. Servez-vous de la vie du compositeur pour le travail sur l’atlas ou autre support, posez des questions ouvertes aux enfants plus âgés et formuler quelques problèmes de calcul mental.

Et/ou

  • Prenez une œuvre d’art (sur internet s’il le faut), discutez-en avec vos enfants, puis cachez-là et demandez leur de vous la décrire. Procédez comme pour le compositeur pour intégrer un peu de maths.
  • Vos enfants tiennent un livre des siècles? Parfait! Donnez-leur l’occasion d’inscrire le compositeur ou l’artiste dedans.
  • Enfin, lisez ou faite lire par un des grands enfants le passage à lire dans votre livre de littérature. Tout le monde écoute. Faites faire une narration.
  • Il vous reste un peu de temps? Improvisez quelque chose pour l’une de vos langues vivantes: un chant, du vocabulaire, un dialogue, une série de Gouin, ou pourquoi pas un petit dessin animé dans la langue pour conclure l’heure…

Ce ne sont que des suggestions, que j’ai voulu partager rapidement, d’où le côté peut-être un peu brouillon de ce billet… les possibilités sont infinies et adaptables à chaque situation.

Je serais ravie de lire vos versions et témoignages si vous avez l’occasion de pratiquer la power hour!

13 réflexions sur “La « power hour » – l’outil qui sauve une journée d’ief qui prend l’eau

  1. Plus ça va, et plus notre IEF se résume, bien souvent, à une « power hour », chez nous!
    Mais en moins dense que ton exemple…
    Bien souvent il s’agit de la lecture de notre livre d’histoire ou de mythologie grecque ou de science naturelle ou la Bible suivie d’un dessin pour illustrer le passage lu, puis d’une narration. Puis une courte leçon de math, de francais.
    Luc fait ses exercices d’application des leçons en autonomie.

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  2. Oui!! oui à tout cela! j’applaudis cet article! c’est tellement ça. je me reconnais bien dans la journée qui est mal barrée.. et puis se remotiver, se donner un temps précis pour avancer. J’aime beaucoup l’idée de power hour, et la façon dont tu le présentes comme un enchainement organique d’idées liées, sans le côté corvée académique qu’il peut y avoir chez moi (et qui ennuie les enfants).
    On a une version « power hour  » qui s’ignore où je prépare une pile d’albums de la bibliothèque et je m’installe dans le canapé et je commence à lire à l’enfant le plus proche.
    mais le plus souvent quand je suis fatiguée je zappe deux ou trois cases de notre emploi du temps, et je décrète que c’est fini pour aujourd’hui. Et on part en promenade.
    Mais je vais tenter le power hour pour ces jours où je n’ai pas pu faire l’école le matin, parcequ’ils résistent vraiment à l’idée de commencer tout travail formel l’après midi.

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