De l’importance du jeu

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Help on way, Bob Byerley

Charlotte Mason mettait le jeu à pied d’égalité avec les leçons. Mais bien qu’elle reconnaissait la valeur éducative des activités organisées (sportives, pédagogiques ou autres) ce n’est pas ces jeux là qu’elle avait en tête. Non, elle parlait de jeux « vigoureusement salubres ». De ceux qui sont joyeusement bruyants, qui font fuir les poules en caquetant et incommodent les chiens qui siestent. Ceux qui envahissent le salon… Qui réquisitionnent tissus et draps, fauteuil, chaises, canapé et table à manger pour construire et imaginer cabanes, forts, bateaux de pirates… Ceux qui appellent déguisements et accessoires (improvisés). De ceux qui sont sans fin et qui ne tolèrent aucune intrusion adulte, ceux  qui sont secrets. Ceux qui sont peuplés d’amis et de créatures imaginaires. De ceux qui impliquent des batons, du sable, de l’eau et pourquoi pas, de la boue! Ceux qui finissent en spectacle, en chahuts ou en rires. Enfin, des jeux libres et imaginaires!

Mason mettait déjà en garde contre les plannings surchargés et la course aux activités. Imaginez ce qu’elle dirait du train de vie de la majorité des enfants de nos jours! Autre ennemi contemporain du jeu libre: les écrans. Il n’y a qu’à allumer un écran pour immédiatement couper court à tout cet élan créatif.

Pour Mason, la liberté que le petit vit dans ces jeux libres d’enfant est vitale à son équilibre et à son développement cognitif. Elle doit être respectée et en aucun cas bridée. Mason appelait les adultes à intervenir le moins possible dans ces moments de bouillonnement imaginatif et de s’enlever l’idée de la tête que le jeu doit être enseigné. Qu’il est certes agréable pour un enfant de jouer à des jeux (même imaginaires) inventés par leurs aînés écrit-elle, mais qu’à long terme on risque d’entraver sérieusement la capacité de l’enfant à inventer ses propres jeux. Il aurait alors constamment besoin de « béquilles »,  ou d’impulsions extérieures pour trouver de l’inspiration.

Quand on observe et écoute des enfants plongés en plein jeux libres, on se rend vite compte que c’est une activité sérieuse qui va bien au delà du coté ludique: les enfants rejouent et s’expriment sur ce qu’ils savent et ce qu’ils apprennent: des aventures de Tintin aux exploits d’Heraclès, du roi Clovis à Thomas Pesquet tout ce qui les travaille resurgit. Ils utilisent leurs capacités à penser et à imaginer, à résoudre des problèmes – et parfois, des conflits. Ils forgent des relations fortes avec leurs camarades de jeux et surtout, ils se créent de magnifiques souvenirs!

7 réflexions sur “De l’importance du jeu

  1. Quand mon fils était petit, il me demandait souvent de lui faire une cabane avec mon lit. Alors j’allais chercher 4 longues plinthes qui traînaient dans mon garage, je les calais par deux de chaque côté du lit (entre le matelas et l’encadrement) et je mettais par-dessus un grand drap. Il partait dans de longues heures de jeux, plus inventif et heureux à chaque fois, et bien souvent je finissais sous le drap avec lui, me prenant pour une aventurière…

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  2. Aaaah! Rien qu’à lire cet article j’ai envie de construire des cabanes, de faire des roulades dans l’herbe, de lire des livres sous la couette avec des amis, de…
    Merci pour se formidable article.
    Il soulève en moi aussi une question: si je laissais faire mes enfants, leurs journées ne seraient vouées qu’à la liberté de jouer. Malheureusement, d’autres apprentissages, plus formels, sont nécessaires. Et je lutte toujours avec moi-même pour les stopper dans leurs élans et leur dire « allez, on y va. Nos livres nous attendent!!  »
    Comment trouver le juste équilibre?!

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    1. Bonsoir, merci à vous pour votre commentaire 🙂

      pourquoi malheureusement? Ces moments d’apprentissages sont aussi nourriciers pour l’enfant, je trouve. Dans la pédagogie Mason, le temps de travail ne dure pas plus de 3 heures journalières à la fin du primaire, et bien moins encore pour les plus jeunes, ce qui laisse tout de même beaucoup de temps libre!

      Charlotte Mason estime que le moment le plus propice pour le travail intellectuel est le matin, après le petit-déjeuner. Au fil du temps j’ai appris à m’organiser afin que nous soyons tous près en même temps le matin, pour que je puisse justement « cueillir » mes enfants avant qu’ils ne se lancent dans leurs jeux effrénés, j’évite ainsi bons nombres de conflits 😉

      Nous « travaillons » quasiment sans interruption le matin, ce qui nous laisse les après-midi entièrement libres. Je mets des guillemets, car il y a beaucoup de moments de plaisir dans notre routine matinale 🙂

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      1. En vous lisant, je me rends compte qu’une partie de la réponse est dans l’organisation du planning (et le respect de celui-ci). Effectivement si juste après le petit-déjeuner, toilette, etc, on enchaîne sans attendre avec le travail sur table, déjà on limite pas mal de difficultés.
        Là où ça se complique c’est plutôt pour aller aux activités sportives, ou au bain…
        Ah, dures sont les frustrations, mais tellement saines! Et puis, le bain n’est pas négociable quand on a fait un château de sable dans la sciure, et qu’on en a même dans les oreilles!

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