Les cycles d’enseignement dans la pédagogie Charlotte Mason

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Je suis actuellement en train de plancher sur notre nouveau planning façon Charlotte Mason. J’ai donc le nez dans les emplois du temps et les cycles d’enseignement, ce qui m’a donné l’idée de faire un petit décorticage pour répondre à certaines interrogations de ceux qui sont intéressés d’élaborer leur propre planning.

Pour cela, je vais me référer à l’emplois du temps des écoles Charlotte Mason (les P.U.S ou Parent’s Union Schools) ci-dessous.

Les six cycles ou « Forms »

Les P.U.S organisaient les apprentissages selon les us et coutumes des autres écoles britanniques de l’époque. La semaine comptait ainsi six jours de cours. Les douze années de scolarité étaient réparties en six cycles, appelés « Forms ».

L’instruction formelle des enfants débutait à six ou sept ans au form I. Ces tout-petits constituaient le groupe IB, leurs camarades plus âgés le groupe IA. Ce cycle durait trois ans.

Vers l’âge de neuf ans, débutait le form II long également de trois ans. Il était constitué des élèves du groupe IIB (première et deuxième année) et du groupe IIA pour les plus grands.

Les forms III et IV étaient des cycles bisannuels.

Les forms V et VI regroupaient les élèves de 10ème, 11ème et 12ème année d’étude.

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La durée des leçons 

Dans la deuxième colonne de gauche sont inscrites les durées de chaque leçons ou activités. Les élèves du form I travaillaient sur une durée de 2h30 par jour, durée qui augmentait progressivement jusqu’à atteindre les 4 heures journalières de cours pour les élèves les plus âgés des forms V et VI.

Les matières

Comme vous pouvez le constater sur l’emplois du temps, les matières sont nombreuses! Je ne vais pas rentrer ici dans les détails de toutes les matières enseignées sur les douze années. Il existe d’ailleurs pas toujours d’explications exhaustives pour certaines activités, et le document ci-dessus est le seul de ce genre dont on dispose de nos jours. On ne sait donc pas si et comment les programmes changeaient.

Je vais juste m’attarder sur certaines spécificités du programme.

Pour tous les cycles, quatre sur six matinées débutaient par la lecture et l’étude de l’ancien (OT) et du nouveau testament (NT).

Les élèves du form I apprenaient l’écriture, le dessin et la peinture, à compter et calculer, à lire, le français, l’histoire naturelle et la géographie. Ces matières étaient entrecoupées par des travaux manuels (Handicrafts), l’apprentissage de poésies, du solfège (Sol-fa), de la gymnastique suédoise (Drill), de la danse et du chant.

Au form II certaines activités tels que les activités manuelles et artistiques étaient déplacée sur le programme de l’après-midi (j’y reviendrais plus loin). Les élèves apprenaient désormais également l’allemand en deuxième langue étrangère, et le latin. Ils débutaient également l’étude de l’histoire britannique et française. Une fois par semaine, ils étudiaient les Vie parallèles des hommes illustres de Plutarque (à raison d’une vie par trimestre). Les leçons de grammaire et la dictée apparaissaient également dans ce cycle.

Au form III on voit les études s’étoffer avec des leçons de cartographie, de géologie, de botanique et de physiologie. Les élèves apprenaient également l’italien en troisième langue étrangère. La vie d’Euclide et ses Eléments géométriques étaient étudiés trois fois par semaine.

Au form IV les élèves poursuivaient l’étude des trois langues étrangère et du latin. L’astronomie se rajoutait aux matières scientifiques. Alors que jusque là la littérature faisait partie du programme de l’après-midi  elle fait désormais partie du programme d’apprentissages formels. Les leçons d’histoire se concentraient sur l’Angleterre et l’Europe. »Every-day Morals » se traduit par morales de tous les jours…

Les deux derniers forms ressemblaient beaucoup au form VI sauf que la durée des leçons se prolongeait. Les élèves apprenaient l’histoire « générale » et suivaient un cours de sciences économiques.

L’après-midi

Même si les cours finissaient pas plus tard que 13h même pour les élèves les plus âgés, ils ne quittaient généralement pas pour autant l’école après les cours. En effet le programme de l’après-midi était riche aussi: beaucoup de jeux libres, de balades, tenue de journaux (de nature, des premières fois, livre des siècles…), l’étude des compositeurs, d’artistes, de poésie, la danse et le chant, les travaux manuels, des cours de musique, et la lecture venaient agrémenter le programme.

Je ne pense pas qu’il soit souhaitable de transposer tel quel ce cadre très scolaire dans une instruction en famille. Mais il donne une idée du contenu « formel » d’une éducation d’après les préceptes de Charlotte Mason. Il ne faudrait jamais chercher à modeler ce fonctionnement (ou celui d’une autre famille d’ailleurs) sans l’adapter à sa propre situation. Et ce n’est pas parce qu’on suit à la lettre un planning qu’on arrivera à infuser notre quotidien avec l’ambiance légère et joviale (mais studieuse) que Mason recherchait.

10 réflexions sur “Les cycles d’enseignement dans la pédagogie Charlotte Mason

  1. Merci! Très intéressant ! Nous pourrions programmer un skype pour réfléchir à une organisation Mason pour une classe. J’y réfléchis…j’aimerais bien connaitre un fonctionnement d’école Mason et voir comment y puiser des choses le jour où je reprends…il faut qu’on se fasse ça…!

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  2. Oui, pourquoi pas 🙂 En attendant je n’ai que des exemples et des resources en anglais à te proposer…
    -When Children Love to Learn: A Practical Application of Charlotte Mason’s Philosophy for Today, Elaine Cooper
    -http://www.amblesideschools.com/main/video/introduction

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    1. Il me semble que durant les temps de « repetition » les élèves étudiaient puis apprenaient à reciter un poème, ou des versets, ou des psaumes ou encore des hymnes de leur choix.

      « Weeks work » était probablement un temps dédié à la finition des travaux de la semaine.

      « Lore » se traduit par la connaissance (traditionnelle), ou le savoir. Il s’agit d’histoires et de contes riches en détails et en descriptions qui racontent la vie des animaux, le monde du vivant, la nature en général, souvent accompagnés d’une morale. C’est un style littéraire que j’ai beaucoup de mal à retrouver en français… Pour te donner une idée de ce qui se lisait à l’époque de CM tu peux aller jeter un coup d’oeil aux « Paraboles de la nature », par Marguerite Gatty: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8889432/f1.image
      Certains livres de la mouvance Steiner correspondent à ce style: les « Histoire d’animaux » et « Rayon de soleil, la petite abeille » de Jakob Streit sont de bons exemples.
      Pour les élèves plus âgés, on peut se tourner vers des récits par des naturalistes, comme les Histoires naturelles de Jean Henri Fabre par exemple.

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  3. Moi ma question est : comment rendre les enfants autonomes dans tout ça ? Il me semble qu’il faille toujours les diriger sans arrêt dans les transitions. Et comment bien alterner les activités quand on a plusieurs enfants et qu’on veut faire des sujets en commun et pour ne pas sans arrêt s’attendre ? Grands questionnements … !

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  4. Bonjour Myriam,
    Je ne connais pas l’âge de vos enfants ni leur nombres. Mais je vais tenter de vous répondre brièvement afin de (peut-être) vous donner quelques pistes de réflexions…
    Personnellement je n’ai « que » deux enfants à la maison. Ils ont quatre ans et demi d’écart. Pour l’instant la plus jeune n’est pas encore directement concernée par l’instruction formelle. Mais la plupart du temps elle suit notre rythme tout en faisant des pauses jeux. Je vous avoue que vos questions me trottent aussi dans la tête pour la suite!
    Mason stipule bien que l’enfant doit avoir un planning visible qu’il peut consulter de lui-même pour être familier avec sa routine. Dès qu’un enfant est assez compétent en lecture, on lui demandera de lire ses livres seul. Ici nous utilisons également un time-timer pour visualiser le temps de chaque leçon. Le reste est une question d’habitude, mais pas toujours facile à acquérir selon l’enfant, je vous l’accorde.
    Pour minimiser les transition je regroupe les activités par lieux. Je m’explique: le matin nous commençons par la lecture (en ce moment c’est par exemple un conte ou un mythe, puis un chapitre d’une oeuvre littéraire suivi d’une narration) dans la même pièce ou se trouve l’instrument de musique. Celui-ci est déjà prêt, il n’y a plus qu’à passer du canapé à la chaise…
    Pour les travaux qui se font à table, nous installons tout notre matériel nécessaire à portée de main AVANT de commencer.
    Quand ma fille sera un âge d’être instruite formellement, je pense donner beaucoup plus de lectures autonomes à mon fils, suivies de narrations afin de pouvoir consacrer certains moments exclusivement à sa soeur. Le reste se fait assez naturellement après avec les enfants qui ont l’habitude de fonctionner comme ça. Ma puce par exemple, sort ses activités de numération en même temps que son frère se penche sur sa leçon de mathématique de façon assez autonome (possible avec la méthode Singapour). Puis elle va dessiner le reste du temps en attendant la suite…
    Il y a plusieurs matières que l’on peut très bien faire en commun avec des enfants d’âges différents. L’histoire par exemple. Elle est abordée de manière cyclique si bien qu’il n’est pas gênant pour l’aîné de reprendre « au début » avec un enfant plus jeune, à condition de trouver une durée de leçon acceptable pour tout les deux. L’aîné pourra par la suite approfondir cette leçon en travaillant sur son livre des siècles (que le petit n’a pas) ou par la composition d’une narration écrite et/ou la lecture d’un livre vivant en rapport à l’époque étudiée…
    Si vous lisez l’anglais, je vous recommande cet article d’une maman très expérimentée qui explique comment on peut coordonner différents niveaux en partant du document que je présente ci-dessus: http://sabbathmoodhomeschool.com/2014/07/my-matrix/

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